Comme chez mémé
Comme chez mémé
Ce voyage ne m'aura jamais autant rappeler ma mémé des Alpes. Moultes situations me ramènent dans cette vallée haut Alpine, où j'ai séjourné Je de nombreuses vacances scolaires. En effet nous sommes en juillet et du côté de At Batchi ou dans les vallées de Naryn la fenaison bât son plein. Les foins et les sainfoins sont coupés. Pour les plus chanceux ou pour les plus fortunés, la presse fera des bottes qui seront organisées, puis ramassées. Pour les autres c'est fourche et rateau pour la confection de cuches. Comme chez mémé au moment de ce temps fort, famille, voisins et amis se rassemblaient pour oeuvrer à cette tache arrassante, et rentrer le fourage avant la pluie. Début juillet le trop peu de lits nous insitait à dormir à plus de deux par lit avec les cousins. Tout le monde était là, et l'annesse Tosca était plus que sollicitée . Ici aux abords des yourtes il y a toujours un aménagement sommaire qui fait office de toilette. Un simple trou, deux planches au sol, puis un paravent en bois, en tôle, parfois en tissu. Comme chez mémé. Il nous fallait traverser le devant enherbé de la maison pour accéder aux commodités. Elles se trouvaient entre l'entrée de la remise, les clapiers à lapin, et la réserve de bois. La nuit , il fallait prendre la lampe électrique dans le tiroir de droite du buffet pour bénéficier d'un éclairage. En hiver il fallait surtout s'armer de courage pour quitter la pièce surchauffée et lancer ses pas dans la neige qui crisse et la bise qui vient te fouetter la joue droite exposée au nord. Les quelques bazars traversés nous ont révélés quantité de fruit qui serviront à la confection de succulentes confitures d'abricots, mais aussi de framboises, de mûres ou de cassis. Nous vagabondons de yourte en yourte à la recherche de cette merveille. Comme chez mémé! Le cassis on allait le cueillir derrière la maison. Un espace lui était réservé au fond du potager. Il avait plaisir à pousser à l'abri, et développait ses arômes. Chaque bouchée de cette confiture Kirghise me ramène dans ce jardin haut Alpin. Des couches épaisses venaient honorer nos tartines du matin. Pour la framboise il fallait faire l'effort de montrer en direction de la grange , tourner à droite vers le bassin où mon grand père faisait boire le troupeau, ma grand mère faisait la lessive, et où nous annexions cet espace en piscine estivale. Une fois la fontaine dépassée il fallait s'engager dans la draille qui proposait au pied un terrain plat dans ce champ en dévers. Ruches et pommiers y avaient élus domicile. Une fois cette pâture passée, on approchait d'un espace plus plat où était organisé plusieurs dizaines de rangées de framboisiers. L'Eldorado du fruit, de la couleur, du parfum, du plaisirs des yeux. Tout ces fruits au fond du panier en osieur tressé par pépé, allaient donner après plusieurs précieuses manipulations une gourmandise élevée au rang de péché. Ici les boulettes de fromage salé (kourout) sèchent sur des planches au milieu de la steppe comme chez mémé où les tomes de chèvres sèchent à l'abri des mouches dans une tomière. Fraiches elles se marient à merveille avec de la confiture. Plus seche elles venaient ravir les papilles. Ici la nuit en altitude il faut bien se couvrir pour repousser les assauts du froid. Au sol de la yourte un tapis pour isoler de la terre. Au moment du couché des peaux de moutons sont déposées à même le sol sur lesquels viendront être placé un plus épais tapis roulé sur le côté. Par dessus une première couverture puis un gros édredon . Comme chez mémé. Dans un vieux lit en bois on nous mettais au fond du lit avec une couverture de laine et par dessus un epais édredon, lourd sur le ventre, mais qui offrait une lutte contre le froid sans pareil. Au pied du lit on nous disposait une peau de chèvre pour offrir à nos voutes plantaires de gens de la ville une isolation thermique avec un planché trop froid. Nous nous sommes procurés sur les étagères de Mars tenancier d'une petite épicerie dans le village de Jangi Talap au pied du col de Moldo bili Ashuu où se cotoient briquets , sucre, tomate, pelotes de laine, une petite boite de café . L'amertume de ce dernier a révélé en moi celui de mémé. Vous savez celui que l'on achète en grain, que l'on moud avec la machine moulinex beige avec le couvercle en plastic transparent marron foncé. . Mais il en est rien si vous ne rajoutez pas deux bonnes cuillères à soupe de chicorée Leroux. Oui oui celle du paquet bordeau tout en longueur, où s'expose l'icône de la marque. Coktail de mémé qui assure cette amertume de l'aurore rural. La plupart des épiceries font office de dépannage. On prend ce qu'il y a, s'il y en a. Ou on attend la prochaine livraison s'il n'y en a pas ou plus !!! Comme chez mémé lorsque la chienne aboie à 15h le mercredi pour sortir l'octogenaire de sa digestion somnolente, à la vue de l'estafette de l'épicier en bas de la vallée. Elle prend son sac de simili bordeau, son porte monnaie noir à la fermeture metalique or, met du gonflant dans ses cheveux au passage devant le miroir accroché à côté du chauffe eau à gaz. Qui y aura t'il cette semaine ? La liste pourrait etre encore longue de ces descriptions d'économie de bout de ficelle, de fleurs qui mettent de la couleurs dans les jardins, autant d'atmosphères qui me ramenent dans ce hameau des Alpes. Ici c'est un peu chez mémé, et surtout merci à tous les pépés et les mémés du monde d'offrir tant de futurs souvenirs à leurs petits enfants ...
Rakmat tchong apa et tchong ata