Apnée de la carratera
Apnée de la carratera sur panamericana
Jamais nous aurions pensé un jour être les Jacques Mayol de la route. Il faut dire qu'au Pérou tu es a bonne école. Tous les ingrédients sont rassemblés. Ordure ménagères en putréfaction, cadavre d'animaux plus ou moins affinés, poussières, pots d'échappements tous diamètres. Lorsque tu pedales il faut avoir une certaine pratique pour ne pas tomber raide et perdre la cadence. En tant qu 'asmathique chevronné je sais de quoi je parle. C'est pourquoi chaque jours nous nous entrainons. Avant le depart mouchage miticuleux, séances de respiration profonde. Une fois la preparation bouclée, nous nous lancons sur la bande de Mister Mac Adam. Ce matin sortie de ville au programme, exercice périeux car les espaces pour respirer sont rares. Il faut anticiper et avoir une portée du regard suffisament longue pour reperer un feu rouge, un croisement, une rue moins fréquentée. Mais il y a toujours une surprise, un imprévu qui risque de foutre en l'air ton calcul. Malgré tout l'exercice est une réussite et la route s'écrit devant. Un collectivo après un signalement sonore fort insistant attaque un depassement. Pour cela il accélère pied au plancher. Tu sais par avance qu avec le régime moteur que l'on entend il est temps de prendre une grande respiration avant que l'échappement arrive à ta hauteur. 1,2,3 c'est parti pour 30 secondes d'apnée. Il double , les yeux piquent, le ciel s obscurcit, nous sommes en zone de turbulence. Le bruit sourd s'éloigne, la clarté tarde à revenir, tant pis pour les yeux, nous ouvrons la bouche et invitons l'oxygène à repenetrer à l'interieur de nos poumons. Pour celui ci c'est bon mais nous savons que le prochain n'est pas loin. Le vent vient de 3/4 gauche avant et au loi un feu de je ne sais quoi deverse un panache blanc et opaque sur la chaussée. Il va faloir la jouer finette. Travail de respiration en profondeur entamé, muscles relâchés, le ying et le yang en équilibre, tout dans le +++, et patatrac tout s'emballe. Un pick up nauséabond te double. Blocage respiratoire opérationnel , mais au moment de respirer un deuxième est dans son sillage. Position sauvetage tu attaques une nouvelle apnée. Mais rien ne va, tu plonges dans cet ecran noir sans savoir combien de temps cela va durer. Tes yeux se plissent à nouveaux et ne voyent pas arriver le semi en face qui est en plein régime pour ne pas perdre le rythme. Tout ce petit monde lève une poussière pas possible de sable qui jonche la chaussée Tu viens de battre un record de retenue d'air mais il faut remonter. Arrive à la surface, tu ouvres les vannes au plus profond et tu inhales les fumées du feu que tu as oublié. En une fraction de seconde ce feu vient de s'installer en toi .Tel les canadaires de Marignane tu appelles ces pélicans à la rescousse. Ta main s'empare de ta gourde pour la porter à ta bouche. Tu sais que le contact entre tes levres qui beurrées de frais ceux sont chargées de petits gravirs et la tétine de ton bidon sablonneux et pollué à souhait va être un vrai bonheur, mais il le faut. Tu bois la tasse , l'incendie est éteint , les larmes ont nettoyé tes optiques. Tu es pret pour le prochain assaut qui viendra de ci ou de là. Nous sommes sur la route de Coppacabana.