A mon tour
A moi de prendre la plume, mieux vaut tard que jamais, je vais donc à l'heure de notre départ d'Islande et d'une connexion WiFi péruvienne vous livrer mes impressions sur ce magnifique mais rugueux pays qu'est l'Islande.
Les choses ont maintenant pris leur place, chaque sacoche a une fonction on la reconnait à sa couleur et son côté : a Gauche, les affaires des Gars et à Droite celles des Dames. Selon l'adage, le bagage parfait ce n'est pas celui où il n'y a plus rien à ajouter mais plutôt rien à enlever, nous venons de nous délester de 2,7 kg d'affaires en trop en renvoyant par la Poste ce dont nous étions pas servi pendant cinq semaines, avant de nous envoler vers l'Amérique du sud. L' Islande a donc bien joué son rôle de répétition générale mais bien plus encore...
D'Islande, j'ai en tête des paysages somptueux, vraiment grandioses et étonnants, d'une grande variété qui plus est. Complètement dépaysants et qui te ramènent à l'essentiel, tant la genèse de la vie y est perceptible : tu traverses des champs de laves nus et steriles, complètement noirs et puis quelques lichens, quelques mousses fluorescentes occupent des anfractuosites, l'eau s'est à nouveau frayé un chemin dans le paysage bouleversé et à ses abords, une végétation ténue s'est installée Par endroits, une mousse épaisse et dense recouvre tout, comme un nappage, ses couleurs vont du gris à des verts quasiment fluorecents.
Le relief aussi se donne à voir, cratères, coulées de laves, dont d'énormes bulles entre lesquelles tu chemines, coulées de lave épaisse et bosses qui se sont formées et ont craqué, je ne m'en lasse pas.
La dorsale medio-atlantique émerge ici, ce qui me fascinait déjà lors de mes cours de géomorphologie, je l'ai sous les yeux, l'oeuvre de l'érosion dans tout ça aussi se donne clairement à voir. Les failles ici sont affleurantes et énormes : la plaque européenne et la plaque Atlantique, plus visibles que partout ailleurs dans le monde, puisque l'Islande en est une émergence, s'ecartent ici de 2 cm par an
Nous nous sentons comme des invités, dans un paysage en formation et en transformation, dans lequel nous sommes vraiment minuscules.
Les geysers, marmites bouillonnantes, sources d'eaux chaudes qui sifflent, se pulverisent en vapeur, les rivières qui fument, tout nous rappellent qu'ici, la croûte terrestre est fine et que le paysage se forme sous nos pieds. Pour nous qui sommes habitués à des paysages de roches sédimentaires, le dépaysement est total, toutes les formes du relief et les couleurs sont différents
Sans parler des glaciers, proches qui viennent veler des icebergs dans des lagunes en bord de mer. Ils se laissent approcher à pieds, pas au moyen d'expéditions encordees en altitude ! Quelques phoques en prime, qui viennent faire les curieux à nos pieds
Et les chevaux, dans tout ça, des centaines de troupeaux aux couleurs chamarees dans des enclos immenses ou en liberte Un regal absolu de les voir évoluer si tranquilles dans leur élément. Curieux, ils s'approchent souvent, ou comme nous, ils attendent dos au vent, que passe le gros temps. Les enfants ne s'y trompent pas, ils regardent les chevaux de loin pour connaître la direction du vent. Ces chevaux là font envie, tellement plus que ceux en stalles ou en box, sous couvertures....
Le vent, le vent coquin, taquin, toujours de face te semble t' il, qui t'oblige à pédaler dans les descentes ou qui te freine tellement, que meme a plat tu as le sentiment de gravir une montée: c' est l'effet parachute des sacoches de velos ! De profil, il te fait zigzaguer, par ses rafales au point que par deux fois nous avons du renoncer a pédaler, car il t'embarque ton velo et quand tu as avancé d'1,5 km en 1 heure en poussant ton velo de 20 kg et ses 35 à 40 kg de bagages, ça ne sert plus à rien. Quand tu l'as dans le dos, en revanche là, tout s'accélère, tu te sens pousser des ailes, et sensation surprenante, tu as exactement la sensation que le vent s'est arrêté, puisque tu avances à la même vitesse que lui, alors qu'autour de toi, les herbes bougent, les buissons sont secoués, et toi tu pedales, grisé par l'effet demultiplicateur du vent en ayant l'impression qu'on te pousse dans le dos. Là, c'est un concert général de whaouh, yououhhh un moment de temps suspendu sur ton velo, tout simple mais tellement bon.
Et en vrac :
Les nuees d'oies sauvages dans les fjords, qui s'envolent bruyamment à ton approche, ou encore les cygnes dont seuls les cous au premier abord depassent de la vegetation des lagunes, ou que tu vois par centaines sur des lacs de montagnes, ils prennent vraiment une autre dimension que ceux de nos parcs et jardins..., que personnellement j'ai toujours trouvés "cucu la praline", là, ils reprennent toute leur noblesse et leur majesté, je les regarderai désormais différemment.
Enfin, mention speciale aux 360°. Ces paysages surréalistes qui t'entourent à 360°, sans que rien ne viennent accrocher ton regard. Tu es au milieu de rien, pas une habitation à 200km à la ronde, sauf un refuge de montagne peut-etre et des glaciers, d'enormes dômes au loin, des champs de laves, des couleurs fondues en brun, noirs, ocres. Un silence total, le regard qui coule et que rien n'accroche, 2 ou 3 jours de velos derriere toi et autant devant, sans rien croiser qui heurte ton regard, que ce paysage en genese. Là, tres grand moment, qu'aucun appareil photo, aussi panoramique qu'il soit ne pourra restituer.
Des recontres aussi :
La plus inatendue peut-être, mon père et sa compagne Jeanne partis nous rejoindre sur un coup de tête et que nous trouvons un matin près de notre tente. Nous nous suivrons pendant dix jours de loin en loin et passerons une journée ensemble dans la région des fjords de l'est. Nous partageons le même émerveillement devant ces paysages. C'est l'Eugene, comme dirait mon père...
Les islandais, plutôt froids et pragmatiques au premier abord, puis chaleureux et qui se plient en quatre pour te guider. Pas facile tout de même en haute saison touristique de les rencontrer.
Beaucoup de voyageurs a vélo aussi, tous très bien equipes, l'Islande ne s'improvise pas. Mention speciale à Ortlieb, marque de sacoches allemande qui semble quasiment avoir le monopole en la matière.
Des coups de sonettes et de trompette et de grands signes de la main lorsqu' on se croise, des discussions à bâtons rompus dans un col, sous une pluie battante, tous fourbus, trempés, fouettés par le vent, mais heureux d'être là, chargés comme des mulets, dans l'incompréhension des automobilistes en tee-shirt dans leur 4x4...
Le tourisme en plein essor, attention, ça commence à ressembler à un terrain de jeux pour touristes fortunés, en mal de sensations fortes, qui veulent fleurter avec la rudesse des éléments mais en tout confort, dans des 4x4 surdimmensionnes, qui font l'aller retour dans la 1/2journée avec ballade en motoneige sur le glacier, hors bord dans les rivières glaciaires et rentrent dans un hotel avec SPA et bains bouillonnants d'eau chaude.
Le vélo, dans ces paysages t'ancre et de ramène à la lenteur, certains paysages je les ai dégustés à cinq kilomètres heures, alors qu'on nous doublait à 90, quel dommage. Ce qu'ils ont fait en deux heures de voiture, ça nous a pris trois jours de velo, et alors, à quoi bon dirons certains ?, pour tout ce que je vous ai décrit précédemment. L'Islande est somptueuse, rugueuse, elle se mérite un peu, mais quelles récompenses extraordinaires ! Les enfants, qui ont traversé tout cela avec nous, se sont promis y revenir et en repartent enchantés, alors, pari reussi ! Le mot de la fin pour Nans : "Maman, je ne vais pas avoir le cerveau assez grand pour me rappeler de tout ça."
E.T depuis le Pérou ( à ce rythme là, je vous en parlerai dans un mois et demi !!! , mais Olive se révèle et se régale en chroniqueur pendant que moi.. je bouquine, alors je lui laisse volontiers la main car le blog, c'est lui qui gère cela d'une main de maître, moi sur ce coup là, ma spécialité, c'est plutôt la logistique...)
PS : désolée pour la ponctuation et les accents mais on ne sait pas enlever le mode de saisie semi-automatique de la tablette, les plus gros énervements du voyage c'est à cet engin qu'on les doit et aux connexions WIfi souvent hasardeuses !!!
ET