La petite reine
La petite reine
Pourquoi cette expression ? je ne sais pas, et à la fois je ne veux pas savoir. Mais quelque part j'ai ma petite idée. Ces quelques miliers de kilomètres parcourus sur cet assemblage de tubes de ferraille me propose aujourd'hui une interprétation personnelle de cette association de mots. Notre passage en Nouvelle Zélande aura révèlé toute la richesse de ce moyen de transport. Comment ? Juste en limitant son utilisation. En effet durant notre séjour sur cette colonie anglaise notre petite famille a très souvent utilisé le van de la Nana. Mainte fois notre regard c'est porté sur des situations vécues à travers le carreau du pare brise et l'esprit qui ne peut rester enfermé dans cet habitacle s'évade et imagine la même scène au guidon de ton Cattin ou de ta vagabonde. Le simple fait de prendre de l'essence en station avec un véhicule, ou d'arriver en famille en vélo à la pompe, sortir ta bouteille multifioul et demander 1 litre pour la cuisine sont deux choses différentes. L'échange proposé avec le ou la pompiste n'a rien à voir. De client, tu passes à voyageur , occasion de curiosité, de contact, d'échange. Le même kilomètre de route en biclou devient XL. Le chant des oiseaux vient solliciter tes pavillons, la chaleur tropicale, la pluie de l'hémisphère nord viennent te faire circuler le sang sur tes joues , les odeurs de vanille, de souffre, de poissons s'emparent de tes narines, le cuir de ta selle te pique le cul, tes yeux prennent la faculté de voir panoramique, de haut en bas, de droite à gauche, du détail au zoom arrière. C'est ainsi que tu as vu ces coqs sous des cloches de végétal tressé, que tu as vu cette truie et sa portée de petits au fond de ce jardin, que tu as vu les bibelots posés sur ce rebord de fenêtre. Tout est en éveil total, tu es vivant. Ce même kilomètre aurait pu passer totalement inaperçu en caisse à roulette. Quel gachi ! Pourquoi comment je ne sais pas encore, mais le contact que procure ce mode de déplacement est inexplicable. A aucun moment notre arrivée n'a pas procuré une situation de convivialité, de sympathie, d'encouragement, d'hospitalité. C'est quelque chose qui t'échappe . C'est le regard et la bienveillance que l'on porte à une reine. Sa simplicité suffit à elle même. Le poids de tes bagages est juste celui de ta liberté . La pluie, le soleil est juste un lien avec les éléments. La lenteur qu'elle te propose laisse le temps à ton esprit de vagabonder entre souvenirs, projets, reflexions. Cette petite reine t'ouvre les portes du royaume de l'effort, de la simplicité, de l'échange, du repos physique, du grand, du sincère, de l'essentiel. Merci à toi petite reine.